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7 janvier 2009

Proust et Mac Donald (article NON SPONSORISE)

   Depuis plus d'un an déjà, je vis en ville, loin de chez moi, pour mes études. Aujourd'hui, comme à chaque fois que les vacances s'achèvent, la perspective d'un long et pénible trajet en voiture se profile, ajoutant à mon humeur triste une profonde lassitude. Comme nous étions en route, et comme il nous restait encore près de 100 kilomètres à parcourir, le conducteur de la voiture, apercevant au loin l'enseigne jaune si reconnaissable, me proposa de s'arrêter pour prendre un cheesburger. Je refusai d'abord, à la fois pressée d'en finir avec ce voyage et pensant à ma ligne et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Il s'engagea sur la voie du McDrive, et passa la commande à travers l'interphone crachotant.

Un employé nous tendit enfin un sac, avec à l'intérieur ces petits sandwichs ronds enveloppés dans un papier gras. Et bientôt, machinalement, accablée par les heures de route, je mordis dans mon cheesburger, après l'avoir doucement sorti de son emballage, auquel le fromage fondu le tenait collé.

Mais à l'instant même où la bouchée chaude et tendre toucha mon palais, je tressaillis, attentive à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahie, isolé, sans la notion de sa cause. Il m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse : ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingente, mortelle. D'où avait pu me venir cette puissante joie ?

Je sentais qu'elle était liée au goût du cheesburger, dont le pain moelleux à l'extérieur et si délicatement grillé à l'intérieur révélait sa saveur légèrement sucrée après quelques bouchées. La sauce tomate se mêlait au fromage fondu, ce qui provoquait une sensation troublante, l'acidité de l'une s'accordant parfaitement avec la douceur de l'autre. Lorsque l'on mord dans un tel sandwich, les dents rencontrent successivement des couches fondantes et croquantes. Finalement, une rondelle de cornichon, ce cornichon si particulier que je n'ai jamais rencontré qu'ici, cède avant d'offrir à notre gourmandise toute la générosité de la viande encore à peine chaude.

La joie que me provoquait ce cheesburger était donc liée à son goût unique, mais pas seulement. En effet, la petite fille que j'étais encore il n'y a pas si longtemps connaissait déjà ce goût, et c'était son plaisir à elle qui s'exprimait à ce moment-là. A Mac Donald je savourais alors l'excitation de pouvoir manger avec les doigts sans me faire gronder, ce sentiment de faire quelque chose d'exceptionnel, un peu interdit, en compagnie des parents complices. Tout à coup des moment familiaux resurgissaient dans mon esprit : ces jours de Noël où on allait à MacDo après avoir vu, au cinéma, le traditionnel dessin-animé de Walt Disney. Ce cheesburger, c'était exactement le même que dans le Happy Meal de mon enfance.

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Commentaires
M
je t'attrape enfin ! j'aimerais bien faire un tour sur ton blog, mais je ne peux pas ! Que dois-je faire ?
L
Et tu n'es pas encore loin de l'enfance, profite !
M
Oui, en effet quel débat ! Je maintiens en tout cas que, certains jours, je prends beaucoup de plaisir à manger un sandwich de chez Macdo. En fait il n'y a pas à chercher plus loin, au moment où je mords dedans, je trouve ça bon. Certains autres jours, je prends également beaucoup de plaisir à mes faire des croque-monsieur avec 2 bout de pain de mie industriel, un bout de jambon et du gruyère rapé premier prix, c'est pas beaucoup plus évolué.<br /> J'avoue, Gotlib, c'est plus fin qu'un big mac, j'aurais pu trouver pire.<br /> Pour parler de Quick, un jour j'y ai mangé et j'ai trouvé les frites extrêmement salées. Peut-être étais-je mal tombée mais je préfère MacDo !
O
Comparer Gotlib à un big mac, ce n'est pas sérieux. Ce qui est intéressant, c'est que tu n'as pas cité justement des mauvais par opposition aux classiques. Mais des auteurs plutôt bons, voire excellents dans leur genre. Alors que le big mac (et j'en ai mangé ;) ce n'est pas de la cuisine sophistiquée, subtile. Dans la catégorie sandwich, je maintiens que ce n'est pas terrible. Quick me semble supérieur pour y avoir manger deux fois leur hambruger. Quel débat, dis donc... Enfin, en littérature, c'est l'un des sujets que je préfère la nourriture. Je me souviens aussi de passages chez Proust sur la pâtisserie dévorée (comparée à une chaine de montagnes, je crois) par Albertine ou sur les variétés de poires qui sont vraiment exquis :)
M
Je ne trouve pas du tout que mon éducation alimentaire soit ratée, bien au contraire ! Chez moi, on a toujours mangé équilibré, j'adore la cuisine traditionnelle, le fromage, la viande rouge, et je ne pense pas que ce soit contradictoire d'aprécier un bon pot-au-feu autant qu'un big mac, tout comme on peut aimer Proust et Corneille autant que JK Rowling, Gotlib ou Kid Paddle.<br /> <br /> Petite précision : le happy meal est le nom du menu enfant, la "boîte" dans laquelle on trouve des frites, une boisson, et un cheesburger :-)
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