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27 octobre 2009

L'IUFM dans toute sa splendeur

Désolé pour la non-alimentation de ce blog, mais cette année, je suis très très occupée (et accessoirement, j'ai découvert Facebook, un peu tard certes, mais je traîne plutôt là-bas maintenant...) Toujours est-il que cette page a toujours une sale mise en page toute moche, mais je n'ai ni le temps ni le courage de me mettre à tout refaire donc pour l'instant, ça reste comme ça !

Comme je suis quand même généreuse, je vous livre ici et maintenant une de mes (ô combien) nombreuses impressions sur l'iufm. Bonne lecture :

Mea culpa. Mea maxima culpa.

Pourquoi suis-je en train de trainailler* sur Facebook, alors que je devrais travailler d’arrachepied* sur mon mémoire ?
Et bien tout simplement parce que, comme mon Mur vous l’indique depuis une semaine, il y a un truc qui m’est resté en travers de la gorge à l’Institut Universitaire de Formation des Maitres* (ça en jette, non ?).

Pardonnez-moi mon père parce que j'ai pêché. Du poisson ? Non, un gros paquet de conneries.

Pour faire bref, nous avons subi un cours sur l’orthographe. Comment enseigner l’orthographe.
Si vous aviez encore quelques doutes quant à la définition de cette notion, je vais vous rafraichir* les idées : l’orthographe, ce n’est rien d’autre qu’un code arbitraire élitiste, et profondément discriminatoire. En plus, ça coute* cher à enseigner. 
Selon « des enseignants », et surtout selon le document fourni par notre formatrice qui ne cite quasiment aucune de ses sources, l’orthographe c’est « l’angoisse pour l’enseignant et pour l’enseigné », c’est « mettre les élèves en souffrance », c’est « le poids de l’échec ». Bien sûr ! nous assène notre chère formatrice : tout le monde sait bien que les élèves vont en cours avec la boule au ventre et la gorge nouée quand ils savent qu’ils vont être victimes d’une horrible dictée. Alors fini les dictées. Beaucoup plus chic, les « ateliers de négociation graphique ». On envoie deux élèves au tableau, ils écrivent chacun la même phrase, et on organise ensuite un débat avec les autres pour déterminer quelle est la meilleure orthographe.

Quel pouvait bien être le bienfondé* d’une tradition aussi humiliante que la dictée, que nous avons laissé* traumatiser ainsi des générations d’écoliers, je vous le demande ? aucun intérêt, si ce n’est le plaisir sadique du prof à distribuer des zéros à tout va. Comment ça, je fais des fautes d’orthographe ? Tout d’abord, permettez-moi de vous interdire formellement l’usage de ce mot atroce « faute », qui n’est qu’une image de la société profondément judéochrétienne* dans laquelle nous évoluons. Vous rendez-vous compte de l’impact de ce mot ? En utilisant le mot « faute », vous jetez immédiatement une culpabilité aigüe* sur l’élève-martyr, malheureux ! D’ailleurs, savez-vous que le deuxième livre le plus vendu après la Bible n’est autre que le Bled, ce manuel parfaitement anti-pédagogique qui ose édicter les règles avant les exercices, et qui se gargarise d’exceptions et de mots rares ?

Apprenez ensuite que tous les mots que j’ai fait suivre ici d’une astérisque respectent scrupuleusement la réforme orthographique de 1990. Comment ça, personne ne l’applique ? êtes-vous de ces abominables rétrogrades qui écrivent encore nénuphar, chariot, va-nu-pieds ou cacahuète ? (alors que l’Académie Française elle-même écrit nénufar, charriot, vanupied et cacahouète…mouai) Vade retro Satanas !
Qu’est-ce que c’est que ça « vadérétrosatanasse » ? C’est du latin ! mon pauvre ami, vous devez me trouver bien naïve d’employer encore ce dialecte obsolète, alors que les latinistes eux-mêmes ont tout fait pour enterrer à jamais cette épouvantable langue. Vous n’étiez pas au courant ? Pourtant, ils ont bel et bien fait disparaitre* le latin, à coup de rigorisme exacerbé et de refus absolu d’évolution et de liberté.
Sur ce, je vous laisse, Salluste m’attend

 

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Commentaires
M
Tout d'abord, merci pour ce commentaire si riche !<br /> En fait, je suis tout à fait d'accord avec toi au sujet de l'enseignement de l'orthographe (du moins aux vues de ce qui transparaît dans ton message).<br /> Je suis plutôt séduite par les exemples de méthode que tu cites, et je suis très sensible à tout ce qui touche à l'étymologie, en tant que "lettres classiques" !<br /> Mon article était très ironique bien sûr, et je ne suis pas non plus de ceux qui sacralisent le "Bled". Mais je ne suis pas d'accord pour le diaboliser. Pour moi c'est avant tout un outil. Jamais je ne le servirai "tout cru" aux élèves en le présentant comme une méthode, tout comme, à mon sens, on ne peut considérer un dictionnaire comme une méthode d'apprentissage du vocabulaire. Pour moi c'est comparable.<br /> En ce qui concerne les débats, les prises de parole par les élèves, je suis pour les favoriser, les susciter au maximum, du moment que l'objectif est vraiment motivé !<br /> J'ai plutôt envie, pour l'instant, d'être prof au collège, justement parce que la dimension "grammaticale" de l'enseignement m'apparaît comme un enjeu très intéressant et gratifiant.
A
Alors un petit commentaire sur l'usage du Bled: oui il est parfaitement anti-pédagogique. Seuls des personnes qui maîtrisent bien l'orthographe française peuvent s'en servir avec profit, car elles vont réviser des notions qu'elles ont déjà bien comprises ou dont elles se souviennent et qui ont une logique dans leur esprit. <br /> Attention, je ne dis pas qu'il est un ouvrage inutile. Simplement si l'on veut apprendre à un enfant l'orthographe, il vaut mieux choisir un autre moyen pédagogique (et il y en a). <br /> Mais le paradoxe assez ridicule de l'enseignement du français de ces trois dernières années, et qui vient en contre-point du discours que l'on t'a servi dans ton IUFM, c'est que de nombreux éditeurs (pour ne pas en nommer un au hasard de ma bibliothèque : Hatier)sont revenus à des publications de type Bled, que l'on reçoit en exemplaires gratuits en fin d'année, et que certains collèges / collègues achètent en série. Voilà, c'est le serpent qui se mord la queue.<br /> Il est en effet bien plus facile de coller une classe entière de gamins de sixième (ou autre niveau)devant une double (voire triple dans certains manuels) page d'exercices précédés d'une leçon, le tout complètement décontextualisé, donc privé de sens, pour les faire bosser et avoir la paix pendant trois quart d'heure, que de leur apprendre ce que sont les mots et ce que c'est que l'orthographe.<br /> On a l'impression avec des manuels comme le Bled et ses dérivés d'avoir fait travailler les enfants, mais en fait on ne leur a même pas appris à réfléchir. Or, l'apprentissage de l'orthographe, nécessite des apprentissages de règles, par coeur, certes, mais ausi une réflexion sur le sens des mots, leur formation et surtout la logique de leurs relations.<br /> Il est par exemple passionnant avec des élèves de sixième (pas forcément surdoués loin de là, et avec en plus trois dyslexiques dans la classe)d'engager un débat sur le sens du mot "accord" pour les faire réfléchir à cette notion et à leur manière d'en tirer parti quand on leur dit qu'il faut "accorder le nom avec le déterminant". On peut également expliquer par l'étymologie beaucoup de constructions orthographiques, qui assurent vraiment une prise en compte et une maîtrise (relative bien sûr) des élèves sur les mots qu'ils écrivent.<br /> Je préfère cette façon d'enseigner l'orthographe, qui me prend plus de temps mais qui est plus riche, et qui me permet de sans cesse parler de l'orthographe et des mots quelle que soit l'activité dominante que je fais en classe.<br /> Quoiqu'il en soit, je continue à faire des dictées dans mes classes et je trouve que l'enseignement de l'orthographe est une des meilleures parties de mon métier, une des plus stimulantes parce que c'est un vrai défi et que c'est difficile.<br /> Il me semble que le discours ron-ron et surtout déresponsabilisant (dans le sens où les étudiants sont la plupart du temps passifs parce qu'on leur fait comprendre qu'ils sont là pour recevoir la bonne parole et fermer leur bouche) de l'IUFM contribue à semer des malentendus, qui ne peuvent que hérisser un jeune prof (ou en devenir)attaché à l'orthographe et à sa maîtrise.<br /> C'est vrai que certains élèves souffrent de l'exercice de la dictée parce qu'il peut devenir stigmatisant (ex: un enfant du voyage qui est le seul à ne pas avoir la moyenne et qui se retrouve en situation de "discrimination", et je ne prends que cet exemple, mais ils sont très nombreux et variés); c'est vrai qu'il est préférable d'employer le mot "erreur" plutôt que le mot "faute"; c'est vrai qu'on peut parfois prendre le temps de faire comparer l'orthographe de deux mots entre deux élèves au tableau mais ça ne doit pas être pris au pied de la lettre comme la seule chose à faire, sinon, on n'arrive pas à faire fixer l'orthographe dans l'esprit des enfants. Le saupoudrage et le manque d'exigence ne mènent à rien de bon en la matière, et trop de rigueur non plus. Le discours IUFM est souvent coupé de la réalité de ce qui se passe dans un classe... parfois, on ne peut même pas travailler l'orthographe, il faut déjà que les élèves soient assis et qu'on arrive à les rendre attentifs... Mais bon tout n'est pas à jeter non plus. Il vaut mieux aller fouiller dans les publications de certains profs (en particulier pour l'école primaire)qui font des comptes-rendus d'expériences sur la question de l'orthographe et qui démontrent comment des dispositifs dans leurs classes fonctionnent pour que les enfants maîtrisent leur orthographe. Je n'ai plus la référence en tête, mais si ça t'intéresse je te la retrouverai.<br /> Bon courage pour la suite et désolée si des coquilles se sont glissées dans mon commentaire. :-)
S
Aaaaah que de bons souvenirs, les inepties de l'IUFM... Mais sache bien une chose, une fois que tu es dans ta salle, tu fermes la porte et... tu fais comme tu le penses!<br /> Alors ce genre d'âneries, tu t'asseois dessus (aïe c'est pas confortable). J'en ai bouffé, moi aussi, de ce genre de trucs, le prof qui est "l'ami critique"... *souppirre* (réforme orthographique de 2025)
Z
Chez nous, on dit "l'Apprenant", et pas "l'Elève". Ce dernier implique trop l'idée de rapport hiérarchique prof-élève. De plus, l'apprenant doit être au "centre de son apprentissage". Il peut pas le faire si il est en dualité avec le prof...<br /> <br /> *re gros soupir*
H
Et pourtant... Un petit tour vers les nouveaux programmes de collège (que je me suis enfilé en intraveineuse avant d'apprendre que finalement,cette année, pour moi, ça serait lycée, mais bon, pardonnez-moi pour cette digression...) un petit tour vers les programmes de collèges disais-je avant d'être grossièrement interrompue par moi-même nous apprend que désormais, c'est le retour à l'étude de la langue et à la littérature patrimoniale qui prime. Exit la littérature de jeunesse, d'aussi bonne qualité fût-elle, et surtout, retour de la dictée et de l'orthographe sous toutes ses formes. Oui, la dictée, ce gros mot, et au moins une par séquence (pardon, "unité d'enseignement"...) s'il vous plaît, sinon le prof encourt l'ire de son IPR chéri (c'est en substance ce qu'on nous a dit). Alors qu'à l'iufm, il n'y a pas si longtemps me concernant (4 ans), on m'a sorti peu ou prou le même discours qu'à toi, en particulier celui qui concerne la "faute", ce concept culpabilisant et traumatisant pour le chérubin, pardon, l'élève, re-pardon, l'Elève... <br /> Dans les faits, tu fais de l'orthographe, tu fais des dictées, et pour l'instant, je n'ai traumatisé aucun élève avec ça.
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